L'Ancien regime et la Revolution ( integral 4 livres ) (2022)
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Description du livre L'Ancien regime et la Revolution ( integral 4 livres ) (2022):
Ce livre comporte une table des matières dynamique, à été relu et corrigé.
Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Il n’y a rien de plus propre à rappeler les philosophes et les hommes d’État à la modestie que l’histoire de notre Révolution ; car il n’y eut jamais d’événements plus grands, conduits de plus loin, mieux préparés et moins prévus.
J'avais lu l'Ancien régime et la révolution dans les années 70, alors que je faisais une licence de sociologie à côté de mes études de sciences économiques. J'en avais gardé un excellent souvenir, mais les détails s'étaient estompés. C'est un grand livre, qui permet de réfléchir à l'évolution de plus en plus bureaucratique et illibérale de notre pays. Avec la prolifération d'Agences de régulation indépendantes et la faillite (ou le suicide) du système judiciaire auquels nous assistons, on a l'impression de marcher sur le même sentier qui a amené la France à la révolution. On y voit déjà des ingénieurs des Ponts et Chaussées confiscant des terrains et des bâtiments, sans recours ni réels dédommagement pour les propriétaire lésés. On y voit un amoncellement de réglementations changeantes et plus ou moins absurdes, comme aujourd'hui, qui perturbent la vie de millions de gens sans aucun bénéfice pour la société en dehors de la "rente d'ego" du décideur. Tout ce micro-management" de la France ne date pas de l'après-guerre et de la croissance tentaculaire de l'Etat, mais date plutôt de Louis XIV, populiste avant le lettre pour détruire tous les pouvoirs intermédiaires, les assemblées et parlements locaux, l'aristocratie circonscrite à un rôle honorifique, sans violence la plupart du temps, juste par une sorte d'empoisonnement graduel et par un parasitisme asphyxiant. Le mécanisme de base ressort clairement de l'analyse de Tocqueville, sans être souligné grossièrement: c'est le refus de convoquer les Etats Généraux, c'est à dire le parlement national, et ce pendant 164 ans, pour n'avoir pas à avouer la vraie faiblesse du pouvoir royal, qui est la source des deux maux qui ont tué l'Ancien régime. Le plus important en réalité, c'est l'étouffement dans l'oeuf de toute velléité de créer des partis politiques, en gardant les élites des diverses classes sociales éloignées les unes des autres, dépourvues d'occasions de se rencontrer pour réfléchir ensemble. C'est un contraste saisissant avec l'expérience anglaise, où le parlement n'est jamais resté plus de deux ans sans se réunir, ce qui a permis l'émergence de ce parti Whig, alliance improbable de la haute aristocratie et des nouvelles couches moyennes financières. Grâce à cette alliance, le parti Tory conservateur, partisan de l'inflation pour annuler la dette publique en ruinant ces couches moyennes, a pu être maintenu à distance malgré la majorité relative des propriétaires terriens qui le soutenait, grâce à un système simple et crédible d'échanges de votes sur les thèmes qui intéressaient les uns et les autres (remboursement de la dette, mercantilisme, tolérance religieuse, etc.). La seconde conséquence dévastatrice pour la France, qui découle de la première, c'est que l'Etat a dû recourrir à toutes sortes de subterfuges pour se financer, vendant des offices créés sans réelle utilité publique, juste pour l'argent, en faisant toutes sortes d'expropriations sous forme de retards de paiement, report sine die des versements des rentes d'Etat, etc.
5/5