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Description du livre Bête noire (2022):

Encensé par ses admirateurs, critiqué parbeaucoup
de magistrats, la " Bête noire "des prétoires
s'explique pour la première fois.



Non, il n'est pas fasciné par le mal, mais il défend autant la présomption d'innocence que le droit – pour les criminels de tout bord – à une juste peine qui ne varie pas du simple au double d'une cour d'assises à l'autre.
Non, il n'est pas l'ennemi des magistrats, mais il s'interroge sur l'absence de la notion d'humanité dans leur serment, alors qu'elle figure dans celui des avocats. Car ceux qui lui confient leur destin sont aussi des êtres humains, dont la ligne de vie a parfois de quoi inspirer aux jurés une certaine clémence.
Non, il n'est pas contre l'État, mais il est souvent révolté par le fonctionnement de la Justice. Comme personne ne l'a fait auparavant, il raconte les petits arrangements, les influences et les pièges qui peuvent biaiser un verdict. À travers les anecdotes et les souvenirs édifiants des grands procès d'assises auxquels il a participé, il dresse le portrait d'un système judiciaire implacable, au sein duquel la défense n'est guère que tolérée, même quand elle tente désespérément d'éviter les erreurs judiciaires.





" J'ai décidé de devenir avocat à quinze ans. C'était le 28 juillet 1976 et j'avais entendu à la radio que Christian Ranucci, l'homme du "pull-over rouge", avait été exécuté à l'aube. Ce n'est pas le récit d'une vocation que je fais ici, mais d'une sorte de fatalité. Je suis condamné à plaider. "



Commentaires

Comme le sous-titre l'indique et comme l'on dit parfois, Eric Dupond Moretti a fait de son métier d'avocat une véritable profession de foi ("Cette vie là, je l'ai choisi, je l'aime et elle me tue à "petit feu") Il nous saisis par les tripes en y mettant le coeur ballant toute la rage et la conviction de son âme. Il nous amène de part là même, à son grand échiquier des pensées ou ce succèdent au hésitations et concertations nécessaire, autant d'audaces que de stratégies payantes. Aussi, un nombre considérable de culot et de courage, sans laisser de coté la compassion, marque de fabrique indéboulonnable chez un avocat de la défense. Et puis, vont inévitablement s'aligner, des indignations, des peurs et autant de deceptions qui vont précédées ou suivre les délibérés des cours d'assises. Du dépassement de soi au moment de plaider, de la persuation pour emporter une partielle ou pleine adhésion. De la recherche de la moindre minuscule faille dans l'acte d'accusation. Pour globaliser, ils nous interpellent et reussi avec un talent imminent à nous imposer les questions fondamentales sur les fonctionnements et les disfonctionnement de la justice de notre pays. Point crucial de ce témoignage, il insiste au début du livre sur le bénéfice du doute qui doit toujours prévaloir, car prendre le risque de laisser un coupable en liberté, c'est dit-il rendre courageusement la justice. Que ce coupable qui preserve sa liberté ne soit pas justement punis peut évidemement choquer, mais que dire de l'innocent à qui on a violé sa liberté. Viol qu'on ne pourra par ailleur jamais laver...les années envolées le sont définitivement ! Et pour avoir l'absolu certitude de l'éviter, l'un ne peut survivre sans l'autre, même si il n'est pas évidemment interdit dans un sens de le regretter amèrement. Ensuite, il nous dit que celui qui part le biais d'une ou plusieurs preuves irréfutables est bien le coupable, doit être condamné à une juste peine, mais qui ne soit pas disproportionné ("L'avocat est alors le barrage qui contient la vague du lynchage légal ou de la vengeance populiste") Sur les vrais innocents, il affirme qu'ils se défendent bien souvent maladroitement et sont happé dans le mécanisme d'un système judiciaire qui quand il s'emballe peut devenir inique ou complètement fou. Et puis, il décortique une à une certaines des nombreuses affaires qu'il a défendu. Celle ou il a plaidé l'aquittement... et qui c'est soldée par une peine de trente ans. Ce qui l'a anéanti, mais en ne s'en prenant finalement qu'à lui même et au fait de ne pas avoir reussi à être pleinement convaincant. Plus loin, il nous dit que rare sont les hommes qui n'ont pas un minimum de "bon fond". Il désamorce la bombe qui veut qu'il qu'il n'y est que des monstres parmi des pires clients. Il s'insurge contre le fait qu'on le taxe d'avocat des riches, fréquentant les grands hôtels et ne défendendant donc les gens de la haute société. Il dit habiter à la campagne et préférer les bars-tabacs au salons bourgeois. Il en revient au assassin , pour nous dire que si personne ne les défends, il n'y a plus de justice, mais seulement une vengeance légale. Et que défendre ne veut pas dire nécessairement excuser ou vouloir faire acquiter, mais de bien faire ressortir les circonstances atténuantes si elles existes. Il fixe les débuts de sa vocation à quinze ans, suite à l'exécution de Christian Ranucci. Du crime en lui même, il le juge personnellement répugnant, mais préfère s'attarder sur les circonstances de ce crime. Il est aussi question de l'influence prépondérente du président de la cour sur les jurés, lors des fameux délibérés (On peut souvent parler de second réquisitoire !), ainsi que des connivences douteuses dans ce monde ou l'amertume est la haine compte cent fois plus que la compassion. De l'historique aussi sur ces juridictions suprêmes. Passage délicat, avec quelques coups de griffes, mais sans démagogie sur les méthodes de la police qu'il juge quelquefois douteuses. C'est son droit le plus absolu. Et l'exemple qu'il nous file sous les yeux est explicite, ce qui ne veut évidemment pas signifier que les représentants de l'ordre sont en majorité indigne de leurs uniformes. Il revient sur deux terribles affaires. Un tragique infanticide de la part d'une mère qui ne supportait plus les conditions de vie de sa fille lourdement handicapé. Et la tristement célèbre affaire Outreau et ses terribles soubresauts resultant de certitudes trop vite établies, puis ou il nous dit son émotion quand tous les accusé à tort on été acquité sous les applaudissements de la foule. Il nous fait prendre part vers la fin de ses origines ethniques et ça ce conclu habilement par une nouvelle affaire qui va une nouvelle fois l'habiter. Pour ceux qui comme moi se passionne pour la justice, la lecture suit son cour sans le moindre trouble et l'envie de tourner la page imprimée se fait instantanée. Ah oui ! Deux chose primordiales pour finir : je partage un point commun naturel et vibrant avec Maître Dupond-Moretti : un innocent jeté, ou plutôt broyé derrière les barreaux, ça lui est insupportable. Enfin et pour finir, son livre est dédié à ses quatres enfants, Quentin, Tiffany, Raphaêl et Clément, pour je cite "En espérant qu'ils n'auront jamais affaire à la justice"...ma chronique est finie !



5/5