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Description du livre Comment tout peut s'effondrer (Anthropocène) (2022):

Et si notre civilisation s'effondrait ? Non pas dans plusieurs siècles, mais de notre vivant. Loin des prédictions Maya et autres eschatologies millénaristes, un nombre croissant d'auteurs, de scientifiques et d'institutions annoncent la fin de la civilisation industrielle telle qu'elle s'est constituée depuis plus de deux siècles. Que faut-il penser de ces sombres prédictions ? Pourquoi est-il devenu si difficile d'éviter un tel scénario ?


Dans ce livre, Pablo Servigne et Raphaël Stevens décortiquent les ressorts d'un possible effondrement et proposent un tour d'horizon interdisciplinaire de ce sujet - fort inconfortable - qu'ils nomment la "collapsologie". En mettant des mots sur des intuitions partagées par beaucoup d'entre nous, ce livre redonne de l'intelligibilité aux phénomènes de "crises" que nous vivons, et surtout, redonne du sens à notre époque. Car aujourd'hui, l'utopie a changé de camp : est utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant. L'effondrement est l'horizon de notre génération, c'est le début de son avenir. Qu'y aura-t-il après ? Tout cela reste à penser, à imaginer, et à vivre...



Pablo Servigne est ingénieur agronome et docteur en biologie. Spécialiste des questions d'effondrement, de transition, d'agroécologie et des mécanismes de l'entraide, il est l'auteur de
Nourrir l'Europe en temps de crise (Nature & Progrès, 2014).


Raphaël Stevens est éco-conseiller. Expert en résilience des systèmes socioécologiques, il est cofondateur du bureau de consultance Greenloop.



Postface d'Yves Cochet, ancien ministre de l'Environnement et président de l'Institut Momentum.



Commentaires

Il m'aura fallu m'y reprendre à deux fois. Deux lectures, en immersion totale, passionnantes et angoissantes à la fois, avant de pouvoir venir ici échanger à propos de ce livre hors norme.
Nous sommes confrontés à des problématiques environnementales, énergétiques, climatiques, géopolitiques, sociales et économiques qui ont toutes franchi un point de non-retour. Et ces crises sont interconnectées...
Notre "monde" va s'effondrer, c'est inéluctable. Reste à savoir quand et, surtout, à envisager l'après... Nous sommes sûrs d'au moins quatre points :
1. La croissance physique de nos sociétés va cesser dans un futur proche
2. Nous avons altéré l'ensemble du système-Terre de manière irréversible
3. Nous allons vers un avenir instable dont les perturbations internes & externes seront la norme
4. Nous sommes donc soumis à des effondrements systémiques globaux.
Un paradoxe parmi bien d'autres est que notre société ultra médiatisée se nourrit de catastrophes en tout genre au quotidien mais semble incapable d'évoquer explicitement la collapsologie. Pire, les "collapsologues" passent pour des... Catastrophistes !
Conscients qu'ils ne peuvent rien "prouver" de ce qu'ils avancent, Pablo Servigne (docteur en biologie et ingénieur agronome tout de même...) et Raphaël Stevens, nous rappellent qu'en collapsologie, c'est l'intuition, nourrie par de solides connaissances, qui est primordiale.
Souvenons-nous par exemple qu'après le 11 septembre, nous avons vécu une sorte d'irruption du possible dans l'impossible. La catastrophe (comme l'oeuvre d'art d'ailleurs) ne devient possible que rétrospectivement. Voilà notre problème. Et nos deux auteurs de nous rappeler que, pour prévenir la catastrophe, nous avons besoin de croire en sa possibilité avant qu'elle ne se produise. "L'effondrement est certain, et c'est pour cela qu'il n'est pas tragique. Car en disant cela, nous venons d'ouvrir la possibilité d'éviter qu'il ait des conséquences catastrophiques".
Une forte stratification sociale rend difficilement évitable un effondrement de civilisation. Réduire les inégalités sociales et contrôler la démographie, voilà les axes majeurs qui pourraient atténuer l'impact au moment du choc. Mais on sait bien qu'il est pour ainsi dire dans l'ADN du capitalisme de favoriser les inégalités...
Par effondrement, on entend chute ou déclin (chez les historiens et les archéologues notamment). Pablo Servigne choisit pour conclure la définition d'Yves Cochet, plus adaptée à notre temps : "processus à l'issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, etc.) ne sont plus fournis, à un coût raisonnable, à une majorité de la population par des services encadrés par la loi".
Les différents stades d'un effondrement sont au nombre de cinq, par ordre croissant de gravité : financier, économique, politique, social, culturel. L'URSS était arrivée en 1991 au stade 3...
L'utopie semble du coup avoir changé de camp. En effet, Pablo Servigne & Raphaël Stevens nous expliquent qu'est aujourd'hui utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant. Le réalisme, au contraire, consiste à "mettre toute l'énergie qui nous reste dans une transition rapide et radicale, dans la construction de résilience locale, qu'elle soit territoriale ou humaine".
Rideau.


5/5