Une contre-histoire de la colonisation (2023)
- Auteur: Driss Ghali
- Editeur: Jean-Cyrille Godefroy (15 février 2023)
- Pages: 364 pages
- Langue: Français
Description du livre Une contre-histoire de la colonisation (2023):
Si vous croyez que la France s'est enrichie aux colonies, vous vous trompez, car la colonisation a été une très mauvaise affaire du point de vue économique et financier.
Si vous croyez que les quelques milliers de kilomètres de route et de canaux d'irrigation légués par la France avaient de quoi assurer le décollage économique des colonies, vous vous trompez aussi, car la France a très peu investi dans son empire, par manque d'argent et de volonté politique.
Le problème est simple à énoncer, mais il est interdit d'en parler : l'histoire de la colonisation est "la propriété privée" de lobbies, français et étrangers, qui n'ont aucun intérêt à ce que la vérité soit conjus des Français, des Maghrébins et des Africains.
C'est pour cela que jh'ai écrit ce livre, véritable antidote contre la désinformation et la pensée unique.
Il explose les cloisons mentales qui dissimulent la véritable histoire de la colonisation française. Et vous libérer des mensonges institutionnels qui servent des intérêts qui ne sont pas les vôtres. Il vous permettra d'argumenter efficacement avec des gens de bonne et de mauvaise foi.
Diplômé des grandes Écoles (Centrale, EDHEC), Driss Ghali est spécialiste des relations internationales et intervient au Maroc, au Brésil et en France.
Commentaires
« Le bilan de la colonisation française ne justifie ni la repentance, ni l’immigration massive, instruments du multiculturalisme ».
Pour Emmanuel Macron, « le colonialisme est une erreur profonde, une faute de la République ». Or, Driss Ghali dans son livre « Contre histoire de la colonisation française » montre que la colonisation est une grammaire universelle pratiquée par tous les peuples. Dès que deux pays, deux cultures, deux communautés, entrent en contact, elles se jaugent et se situent dans un rapport de force. C’est la loi de la jungle appliquée aux Nations qui régit aujourd’hui encore les relations internationales. L’altérité appelle la domination. La plus puissante nation s’impose à l’autre. La volonté de puissance est inhérente à la nature humaine.
Les Arabes et les Berbères ont conquis la Péninsule Ibérique au XIIIème siècle. Plus tard, les Espagnols et les Portugais ont évincé les Amérindiens. Napoléon a commencé par soumettre les Egyptiens avant de confier aux savants français l’étude des pyramides et des hiéroglyphes.
Avant la colonisation française Il existait un incroyable écart de développement entre l’Occident et le reste du monde. L’Europe de l’Ouest et les Etats Unis présentaient toutes les facettes du génie humain. Face à eux il n’y avait que des peuples arriérés, certains étaient fatigués : les Chinois, les Indiens, les Ottomans, d’autres, en Afrique et dans une grande partie de l’Asie, étaient des peuples primitifs .
Au 19ème siècle, Français, Belges, Britanniques, Russes et Allemands se sont jetés sur les parties du globe où existaient une altérité qu’ils percevaient comme inférieure sur le plan militaire et économique afin de la coloniser. Ont été colonisés les pays colonisables en raison de leur moindre niveau de développement.
L’avantage sur le plan technique, militaire, financier, a suscité le sentiment de supériorité du conquérant qui a considéré que sa civilisation ( religion, valeurs, mœurs) était supérieure à celles des peuples sous -développés et que, dès lors, les coloniser, les moderniser, c’était accomplir une mission civilisatrice dans l’intérêt mutuel.
La colonisation européenne a donc été rendue possible par le fait que les civilisations africaine et asiatique n’avaient pas su, au XIXème siècle, inventer la révolution scientifique technique et industrielle qui avait permis le développement considérable de la puissance des nations européennes creusant l’écart avec les peuples africains et asiatiques qui les rendait colonisables.
Leur mise à niveau scientifique et technique n’est d’ailleurs toujours pas effectuée par les pays dits émergents. Malgré l’aide au développement accordée par les pays riches, le Niger, le Pakistan et Haïti, ne progressent toujours pas vers la modernité car leurs civilisations ne sont pas favorables au changement et à l’évolution scientifique et technique.
Les colons européens ont trouvé, en face d’eux, des populations mal gouvernées, misérables et incapables de former un front uni pour résister à la colonisation. Toutefois, ils n’ont pas rencontré ni détruit aucun empire merveilleux. Seuls quelques pays asiatiques comme le Japon, la Chine, le Vietnam et la Corée sont parvenus au XXème siècle à s’émanciper en relevant le défi de la modernité.
Quoi qu’il en soit, la France n’a pas inventé la colonisation laquelle a historiquement structuré le monde entier. Aucun des Etats membres de l’ONU ne peut se prévaloir d’être innocent d’un crime colonial qui consiste à spolier une population première de son territoire et de sa souveraineté.
La colonisation s’est faite tantôt « par le bas », silencieusement », en exportant son excédent démographique vers des territoires dont l’économie a besoin, pour se développer, d’une immigration massive. Le pacte de Marrakech de 2018, signé par la France d’Emmanuel Macron, s’inscrit dans la perspective d’une colonisation par le bas puisqu’il prévoit et sécurise des flux migratoires allant du Sud vers le Nord, c’est à dire, une forme de colonisation pacifique des pays développés par les émigrés venus des pays sous-développés anciennement colonisés. La colonisation est souhaitée, par les élites multiculturalistes occidentales qui sont les bénéficiaires d’une économie de marché qui abolit les frontières, ignore les nations prétendument souveraines, transforme les citoyens progressivement acculturés, en consommateurs interchangeables. Toutefois, la colonisation a commencé historiquement « par le haut » avec des canons et des traités diplomatiques, méthodes suivies par les Européens, les Japonais et les Américains au XIXème siècle.
Driss Ghali ne pense pas que la colonisation française ait été une erreur puisqu’il considère la colonisation comme un phénomène naturel inhérent à l’histoire de l’humanité.
Elle ne saurait constituée une faute de la France que si son bilan s’avérait négatif pour les pays colonisés. A cet égard, Driss Ghali soutient, à l’encontre des indigénistes et des dé coloniaux, que la colonisation Française n’ a pas fait régresser les civilisations des pays qu’elle a colonisés. Pour lui, L’Algérie et le monde Arabe n’étaient pas, avant celle-ci, des oasis de culture et d’humanisme que la France aurait transformés en déserts intellectuels. Les tares du monde précolonial, affirme-t-il, étaient tout aussi scandaleuses que les crimes commis par la colonisation !
De fait, la société que les Français ont colonisé en 1912 au Maroc était un enfer pour l’homme, un puits sans fond pour sa dignité. Le sort du Marocain ne différait pas de celui de l’Algérien ou du Tunisien. Toute l‘Afrique du nord, du Caire à Marrakech, connaissait la même misère.
Il y eut, notamment, une traite négrière arabo-berbère musulmane et maghrébine qui a saigné l’Afrique subsaharienne tout autant que la traite Atlantique, voire plus. L’esclavage allait de soi dans les pays du Maghreb et la cause des Noirs était une cause perdue car les esclaves étaient considérés comme une sous- catégorie de bétail dont les caractéristiques étaient l’usage de la parole et la pratique du jeûne . La traite négrière musulmane vers l’Afrique du Nord, la Turquie et le Golfe persique, a fait 17 millions de victimes entre l’an 700 et l’an 1900 et la traite interne à l’Afrique a réduit en servitude 14 millions de personnes avant 1850. A titre indicatif, la traite négrière atlantique, celle dont on parle exclusivement, a fait 10 millions de victimes.
La conquête du Maghreb par la France se fit au XIXème siècle et au début du XXème, c’est à dire lorsque le Maghreb connaissait une extrême insécurité. Au-delà du banditisme, l’insécurité était d’abord un phénomène tribal enraciné dans des luttes incessantes pour le territoire et les pâturages. La vie y était un enfer, pas de place pour les doux et les gentils.
« On était, dit Driss Ghali, dans un monde darwinien où l’essentiel était la survie. S’emparer des biens de l’autre n’était pas du vol mais une preuve de supériorité, ne pas ressentir de pitié était une qualité et non un défaut. A l’exception d’une poignée de mystiques et d’érudits, la plupart du temps les habitants de l’Afrique du Nord ne connaissent pas la sensibilité. L’insensibilité rendait licite la brutalité, les gens se faisaient mal d’autant plus facilement qu’ils ignoraient le sentiment de honte ou de peine que le mal provoque chez autrui. Cela ne veut pas dire qu’avec la civilisation les Français étaient devenus des anges mais qu’ils avaient intériorisé au plus profond d’eux-mêmes la notion de Bien et de Mal. Formidable travail cumulatif entamé sous l’Ancien Régime et achevé par la République. Une œuvre collective réalisée par le christianisme et la scolarisation dont le résultat le plus éloquent fut la mise au pas des hommes et des femmes. Les individus respectent, majoritairement, la loi, spontanément, leur assentiment aux règles coule de source, c’est-à-dire d’eux-mêmes. A l’inverse, l’individu maghrébin n’avait pas de surmoi au sens classique du terme. Il ne courbait donc pas l’échine sous le poids de préceptes moraux intériorisés. La morale lui était alors extérieure. Tout était relatif. Et l’Islam dans sa vie ? Il suffisait de faire les cinq prières, d’observer le jeune et quelques rites, c’était tout.
Dès lors, pour que la colonisation française soit considérée à bon droit comme une erreur et une faute commise par la République, il aurait fallu qu’elle ait fait régresser les civilisations des pays colonisés. Or, à la veille de la colonisation française l’immense majorité des populations maghrébine
et africaine était analphabète et superstitieuse. C’est pourquoi aucun pays arabe n’a pu inventer la révolution industrielle ou le capitalisme. Pas d’industrie mais de l’artisanat et de l’agriculture. Le monde rural vivait dans les traditions. Les filles n’existaient pas, ne recevaient pas d’instruction. Les garçons fréquentaient l’école coranique où ils apprenaient soixante sourates par cœur. Dans un monde éclaté où l’on vivait isolé derrière sa langue, son ethnie et ses coutumes, il n’y avait guère moyen de s’unir que par la religion. Mais l’Islam n’est pas comme le christianisme une religion qui prêche l’amour et la paix, mais le fanatisme, mélange d’irritation et de colère contre les mécréants. Pauvreté et oppression sévissaient au Maghreb et en Afrique avant la colonisation.
Aussi, pour Driss Ghali, contrairement aux militants indigénistes, Le bilan de la colonisation n’est pas catastrophique. Il ne saurait en tout cas justifier la politique mémorielle de repentance, l’immigration massive et le multiculturalisme que les élites imposent au peuple français.
La colonisation a été utile pour mettre fin à des pratiques barbares comme l’esclavage et la traite des noirs. Elle a donné un vecteur d’union et d’harmonie à des peuples qui vivaient retranchés derrière leurs particularismes. Il s’agit , bien sûr, de la langue française, patrimoine commun de millions d’arabes et d’Africains qui en sont les propriétaires légitimes tout autant que les Français de la métropole.
La colonisation est un viol. Cela ne veut pas dire que célébrer sa mémoire soit indécent tout aussi indécent que de vouloir nier le droit à la vie du bébé né du viol.
Les soi-disant dés coloniaux veulent effacer et déstructurer les identités de millions d’individus qui sont les fruits de la colonisation en interdisant l’usage du Français, en revenant sur les avancées de la condition féminine, en prohibant la vaccination, en rétablissant les châtiments physiques.
La colonisation, bon an mal an, a donné une unité territoriale à des peuples qui n’en avaient pas. L’Algérie en 1962 n’a pas remis en question le fait que les tribus d’Oran, des Aurès et du Sahara intègrent un même ensemble politico administratif -Ce qui n’allait pas de soi en 1830… Le Maroc doit son unité territoriale au Protectorat. Le Vietnam est l’enfant de la colonisation française, il est né de la jonction forcée du Tonkin de l’Annam et de la Cochinchine. Et tant mieux, le pays est viable et dynamique.
La France a donné des frontières claires et définitives à des pays qui en étaient dépourvues. Marocains et Algériens n’ont jamais remis en cause la ligne arbitraire qui va d’Oujda à Figuig malgré ses défauts dont le fait de couper en deux les pâturages des tribus nomades.
La colonisation a ouvert les yeux aux peuples aveuglés par des siècles de stagnation. De même que les Arabes qui ont martyrisés les habitants de l’Espagne leur ont appris des techniques nouvelles d’irrigation qui leur ont permis de vaincre la pénurie, la colonisation a dynamisé des populations résignées à sortir de l’histoire en s’accommodant de la misère et de l’analphabétisme. Si le Maroc ne décolle pas ce n’est pas par manque de capitaux ou de technologies, c’est parce qu’il n’a pas éliminé la corruption et méprise l’excellence. De même pour l’Algérie qui n’a pas affecté l’importante manne pétrolière à la modernisation économique et au progrès social du pays et de sa population. C’est d’ailleurs la frustration de sa population consécutive à l’échec des politiques menées par ses dirigeants depuis l’indépendance de 1962 qui alimente le discours de la repentance. On pointe du doigt la colonisation parce qu’on ne veut pas reconnaître que la stagnation économique et sociale du pays depuis soixante ans n’est pas due aux séquelles de la colonisation mais à l’incurie des gouvernements qui l’on administré le pays depuis son indépendance .
En définitive, pour Driss Ghali, la repentance est la stratégie adoptée par les oligarchies de notre pays pour justifier des flux migratoires massifs dont les Français ne veulent pas. Elles invoquent à tort le prétendu bilan négatif de la colonisation effectuée par nos ancêtres afin de leur donner mauvaise conscience. Les français devraient subir leur éviction telle une punition « bien méritée » au vu des crimes de la colonisation. Or, exiger la repentance de nos jours est illégitime : la génération qui a trente ans aujourd’hui n’ayant jamais vécu de près ou de loin les affres de la colonisation.
5/5