La paralysie n’a tué que son corps, pas son amour fou des projecteurs...
J’ai toujours su y faire avec les grandes personnes. Avec les réalisateurs, les photographes, les journalistes, ce fut un jeu d’enfant.
J’aime qu’on me voie, qu’on m’admire, qu’on m’adule. J’aime être le centre de tout, la source de la lumière, la cible de tous les regards. Si j’avais été fleur, j’aurais revêtu la livrée du tournesol, à ceci près que le soleil en personne aurait rampé jusqu’à moi. Le faisceau des projecteurs me poursuit, caresse et embellit ma chair, mes yeux. La caméra, l’objectif des appareils photo s’attachent à mes moindres gestes, à un tressaillement de mes paupières fardées, au moindre frémissement de mes lèvres, au butinage gracieux de mes mains dans l’air irisé.
Immobilisée par sa paralysie, telle une araignée au centre de sa toile, elle attend sa proie et le retour devant la caméra.