L'Affaire Alaska Sanders (2022)

Une lettre anonyme, un meurtre apparemment résolu 11 ans plus tôt et l’enquête qui doit être rouverte au vu de nouveaux éléments, voilà le point de départ, qui pourrait sembler classique et rebattu, de ce livre.

Mais avec Joël Dicker, rien n’est jamais aussi simple, et dans une mise en abyme machiavélique qui est devenue sa marque de fabrique, il nous entraîne de faux semblants en rebondissements, à travers un récit sans linéarité chronologique, utilisant la technique de narration en flash back pour nous perdre en fausses pistes et empiler les intrigues comme des poupées russes.

Perry Gahalowood et Marcus Goldman, qui s’étaient rencontrés 2 ans auparavant dans « la vérité sur l’affaire Harry Québert » vont se retrouver et leur enquête va faire douloureusement écho à celle du passé. Si on y ajoute les souvenirs des Goldman de Baltimore qui résonnent dans l’esprit de Marcus, on a du mal à faire la différence entre le vrai et le faux. On ne sait plus qui de Dicker ou de Goldman nous raconte cette histoire, comme si l’auteur, victime d’un dédoublement de la personnalité nous entraînait dans le labyrinthe de sa réalité dichotomique. Mais il est impossible de lâcher le livre quand on a mis le doigt dans l’engrenage vertigineux de cette enquête en forme de réparation, ou de reconstruction.

Quoi qu’il en soit, une fois de plus, le final n’est pas celui qu’on attendait, car l’auteur prend un malin plaisir à nous faire croire, et à plusieurs reprises, que l’enquête est résolue, avant de nous prouver qu’elle ne l’est pas vraiment, qu’il s’est trompé, que la solution n’est pas là où on l’attendait et de nous offrir une fin confondante.

Un roman magistral qui confirme s’il en était besoin de talent de Joël Dicker et son imagination sans limite, et qu’on peut certes aborder sans avoir lus les précédents, mais pourquoi se priverait-on du plaisir de ces lectures ?

5/5