1001Ebook » Dictionnaires, langues et encyclopédies » Le Roi des cons - Quand la langue française fait mal aux femmes (2022)
  • Auteur: Florence Montreynaud
  • Editeur: ‎ Le Robert (15 février 2018)
  • Pages: 160 pages
  • Langue: Français

Description du livre Le Roi des cons - Quand la langue française fait mal aux femmes (2022):

« Les mots que vous utilisez signifient-ils exactement ce que vous voulez dire ?

Il est bien des tournures tendancieuses, "crime passionnel", "préliminaires", "nom de jeune fille" ou "instinct maternel", que j’ai utilisées avant de prendre conscience de leur contenu machiste. Depuis le masculin pluriel qui écrase le féminin jusqu’au refus d’employer la forme féminine des noms de métier, en passant par des insultes sexistes comme con et ses dérivés, le langage usuel dévalorise le féminin, minore ou justifie des violences masculines.
Changer le monde prendra un certain temps. Changer les mots, c’est possible tout de suite. »

Florence Montreynaud

La collection Temps de parole :
À côté des dictionnaires, qui sont le reflet des normes et des usages, les Éditions Le Robert souhaitent, avec cette nouvelle collection, inviter des auteurs à éclairer les controverses linguistiques et nourrir les débats qui traversent notre société.
Temps de parole entend ainsi contribuer à la réflexion sur la langue française et ses évolutions.

Florence Montreynaud est historienne et linguiste. Féministe engagée depuis 1971, elle a lancé plusieurs réseaux internationaux, comme les Chiennes de garde (contre les insultes sexistes publiques) ou Zéromacho (contre le système prostitueur). Parmi ses nombreux livres, Le xxe Siècle des femmes (Nathan, 2001), Appeler une chatte (Payot, 2005), Chaque matin, je me lève pour changer le monde (Eyrolles, 2014).



Commentaires

Le Roi des Cons est un livre de vulgarisation féministe qui cherche à montrer qu'une langue plus égalitaire et moins discriminante envers les femmes est autant une possibilité qu'une évidence. Un peu léger pour un lectorat déjà sensibilisé au problème, il est un très bon outil pour ceux ou celles qui souhaite commencer à se questionner sur le sexisme de la langue française et qui cherchent à changer leur façon de s'exprimer. Il est découpé en cinq parties : Sexualité et langage, de la violence au viol, Filles, femmes, mères, La parole des femmes et le genre humain. Quelle que soit la partie, l'analyse se présentera de la même façon : une courte double page où l'autrice déconstruit un terme, une expression ou une tournure de phrase afin de proposer une façon moins sexiste de s'exprimer.

Le livre est donc bien construit, ludique et facile à aborder, le rendant accessible à n'importe qui. le Roi des Cons ne demande pas à son lectorat d'être déjà sensibilisé au sujet, il n'attend pas de lui des connaissances linguistiques particulières, il est là pour le guider et l'aider à s'améliorer. On ressent assez le fait que ce soit un livre édité chez Le Robert dans sa construction qui rappelle le côté neutre des dictionnaires, même si le discours engagé transparait dans les mots de Florence Montreynaud. L'autrice étant d'ailleurs une féministe active depuis presque cinquante ans, elle a écrit de nombreux autres livres que celui-ci donne envie de découvrir. Car oui, si le Roi des Cons est un excellent moyen de débuter, ce fut aussi une légère déception pour ma part car chaque sujet était assez survolé. Ce livre invite donc à la réflexion et pousse à vouloir faire plus, mais ne vous sera pas indispensable si vous êtes déjà féministe, engagé∙e ou déjà sensibilisé∙e sur le sujet. Mais « pas indispensable » ne veut pas dire inutile : j'ai moi-même appris certaines choses, redécouvert des termes, pris note de meilleures tournures de phrases ou découvert le sexisme de certaines formules que j'employais. Il y a toujours de la place pour le progrès !

Le Roi des Cons est donc un livre nécessaire et abordable qui devrait retenir l'attention de chacun. C'est le genre de livre de vulgarisation que l'on aimerait voir abordé en classe, pour contrebalancer le matraquage du « masculin l'emporte sur le féminin ». On appréciera aussi le fait que l'autrice utilise l'écriture inclusive, en adéquation avec le message du livre, qu'en s'attaquant aux mots, elle s'attaque aussi à des actes (en soulevant le problème de la galanterie, par exemple) ou qu'elle entr'ouvre toujours la porte à la réflexion. La quatrième de couverture le dit bien : changer les mots pour changer le monde. On voit souvent les détracteurs du féminisme avancer le fait qu'il y a plus grave, que ce n'est pas un vrai combat. Mais je pense qu'un combat n'en empêche pas un autre. Changer les mots c'est faire évoluer une civilisation, c'est avancer pas à pas vers l'égalité. Pourquoi ne pas commencer doucement avec ce livre ?



4/5