Le Curé de Village (La Comédie humaine: Scènes de la vie de campagne) (2022)
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Description du livre Le Curé de Village (La Comédie humaine: Scènes de la vie de campagne) (2022):
À Limoges, un vieux ferrailleur et sa femme élèvent leur fille Véronique comme une parfaite chrétienne. Parvenus à force d'un travail pénible à accumuler une dot, ils permettent à Véronique Graslin d'épouser un riche banquier de Limoges.Silencieuse et passionnée, elle acquiert la réputation de femme parfaite. Mais personne à Limoges ne sait que son amour pour le banquier est contrefait, et qu'elle est devenue la maîtresse d'un ouvrier de son père, Tascheron ; et qu'ensemble, ils sont à prêt à voler et tuer pour profiter d'un amour au grand air...Crime passionnel, inégalité sociale et mariage arrangé, Balzac érige un chef-d'œuvre de la littérature de mœurs et dresse le portrait de la société de son époque.-
L’abbé Bonnet dont la foi déplacera des montagnes ou plutôt donnera la vie à des vallées stériles, qui obtiendra du condamné Tascheron un repentir que l’Eglise, au lendemain des journées de juillet 1830, jugeait devoir être spécialement édifiant, n’est pas le principal personnage de ce roman comme son titre le pourrait laisser croire.
Véronique en est le personnage principal, étonnant en vérité : en effet, femme supérieure, Véronique montrerait (Marceau, Balzac et son monde) que « le monde ici-bas est trop petit pour les âmes vraiment grandes ».
Issue de rien mais riche, Véronique épouse un peu au-dessus de sa condition un banquier pourvu d’un « ...visage rouge comme celui d’un ivrogne émérite, et couvert de boutons âcres, saignants ou prêts à percer... » : physiquement repoussant, Graslin au surplus a l’âme d’un boutiquier.
Elle-même, « horriblement laide » des suites de la petite vérole, Véronique trouvera cependant dans le mariage une liberté qu’elle mettra à profit pour développer une intelligence brillante, sans se soucier d’une société médiocre, qui naturellement la jugera mal : « Déjà proclamée laide, mais bien faite, elle fut alors regardée comme bonne mais stupide... Silencieuse et recueillie, elle s’écoutait autant qu’elle écoutait les autres ».
Elle s’y forgera un caractère, une personnalité singulière. Réclamant vainement la tête de Tascheron à Grandville, elle l’accablera de son mépris au moyen d’un féroce et définitif : « Allez ! Vous ne savez pas aimer... »
Puis, affermie dans sa position sociale, transfigurée et par ses imposantes lectures et « par l’exercice des plus hautes vertus » Véronique brillera d’un éclat inattendu : « À la madone de Raphaël, ensevelie à 11 ans sous le manteau troué de la petite vérole, avait succédé la femme belle, noble, passionnée ; et de cette femme, frappée par d’intimes malheurs, il sortait une sainte ».
Mais pour cela, il lui faudra aussi connaître l’amour-passion. Et quel encore ! Celui qui conduit au crime et pour un homme qui, dans une société si ségréguée socialement, ne pouvait être son genre.
Parmi les très nombreux thèmes abordés dans ce passionnant roman (en particulier, de pertinentes observations sur la peine de mort et la condition épouvantable des bagnards, tant durant l’exécution de leur peine qu’après, en vertu de la « surveillance de haute police », comprenant l’interdiction pour le condamné de paraître en certains lieux ou l’obligation de résider dans des lieux déterminés), on trouve une nouvelle fois une charge claironnante contre la modernité (droit des successions et son corollaire, la parcellisation du territoire, affaiblissement de la religion, de la puissance paternelle, triomphe du « virus destructif »émis par la Révolution « auquel les journées de juillet viennent de donner une activité nouvelle »...) et l’une de ses pires expressions, l’individualisme : « Chacun pour soi, chacun chez soi, ces deux terribles phrases formeront, avec le Qu’est-ce que cela me fait ?, la sagesse trinitaire du bourgeois et du petit propriétaire ». La sentence paraîtra prophétique...
Toutefois, le thème de l’amour-passion est évidemment central. Il s’y confirme que « l’amour est dur et terrible comme l’enfer (Thérèse d’Avila, citée par Marceau) et que « l’amour vrai, comme on sait, est impitoyable (Splendeurs...).
Aux amants coupables, Balzac offre des morts édifiantes et un unique tombeau.
Jean-François, au pied de l’échafaud, se repentira sans rien trahir d’un secret sublime.
Véronique, après des années d’expiation féconde et généreuse, n’expirera qu’après s’être publiquement mortifiée : « L’amour de Dieu se montrait plus puissant encore que ne l’avait été l’amour coupable, l’un mit en relief les forces de la vie, l’autre écartait toutes les défaillances de la mort ».
Bonne édition numérique (rares coquilles).
5/5