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  • Auteur: Grand Corps Malade
  • Editeur: ‎ Don Quichotte (18 octobre 2012)
  • Pages: ‎ 81 pages
  • Langue: Français

Description du livre Patients (NON FICTION) (2022):

Il y a une quinzaine d'années, en chahutant avec des amis, le jeune Fabien, pas encore vingt ans, fait un plongeon dans une piscine. Il heurte le fond du bassin, dont l'eau n'est pas assez profonde, et se déplace les vertèbres. Bien qu'on lui annonce qu'il restera probablement paralysé à vie, il retrouve peu à peu l'usage de ses jambes après une année de rééducation. Quand il se lance dans une carrière d'auteur-chanteur-slameur, en 2003, c'est en référence aux séquelles de cet accident – mais aussi à sa grande taille (1,94 m) – qu'il prend le nom de scène de Grand Corps Malade.


On connaît l'immense succès qui suit : trois albums plébiscités par le public et la critique, une distinction de Chevalier des Arts et des Lettres, qui récompense la qualité de sa plume, toujours subtile et surprenante. Dans ses chansons pleines de justesse, telles " À l'école de la vie ", " Roméo kiffe Juliette ", " Éducation nationale ", ou encore " Rachid Taxi ", l'artiste soulève le voile d'une réalité sociale et politique singulière. Chaque année, certains de ses textes sont proposés au baccalauréat de français.


Dans son livre, où il se fait pour la première fois auteur d'un récit en prose, il raconte, avec humour, dérision et beaucoup d'émotion, les douze mois passés en centre de rééducation et relate les aventures tragiques mais aussi cocasses vécues par lui et ses colocataires d'infortune.



Commentaires

Le livre commence sur les paroles de deux des morceaux les plus connus de Grand Corps Malade. « 6e sens », et « Je dors sur mes deux oreilles »

Un style direct, des mots choisis, précis. On retrouve dans le livre l’univers des albums musicaux, de certaines chansons. Finalement, les deux morceaux dont les paroles sont mises en prologue dans le livre résument l’histoire que Fabien nous conte.
Il nous amène dans son quotidien au centre de rééducation pendant un an. La découverte des lieux, progressive en fonction de son état. Les amis, les patients, le personnel soignant, les problèmes, les solutions, quand il y en a. Et finalement ce n’est pas tant son histoire qu’il raconte, mais celle de chaque handicapé. Avec beaucoup de pudeur, mais surtout beaucoup d’humour et de pragmatisme, la vie au jour le jour des paraplégiques, tétraplégiques, traumatisés crâniens et autres handicapés est mise à l’honneur. Avec les bas, bien sûr, principalement ceux que le quidam ne soupçonne pas. Mais aussi et surtout les hauts. Les blagues, les amis, les soutiens.
Une vérité sans chichi
Un voyage authentique au cœur d’un accident qui peut toucher chacun d’entre nous à n’importe quelle période de notre vie. Une présentation de chaque personne que chacun d’entre nous pourrait rencontrer à son arrivée dans un centre de rééducation. L’infirmière « connasse », le médecin impersonnel et hautain, mais surtout le kiné bienveillant, les aides-soignants, les infirmières, les médecins, qui aident et soutiennent. Et puis les colocataires. Ceux qui souffrent aussi de handicap et qui se retrouvent dans le même état. Avec plus ou mieux d’ancienneté. Avec plus ou moins de facilité à comprendre et accepter ce qui leur arrive.
Et puis Fabien parle de l’avenir. Ou plutôt, du concept « avenir » dans la tête d’un être humain victime de handicap. Encore une fois avec authenticité, simplicité. Il nous raconte comme il raconterait à ses amis. Et le style n’en est que plus agréable. On a l’impression de l’entendre chanter. Le livre est court (168 pages), se lit rapidement. L’histoire ne marque pas la vie entière, mais cette impression de bienveillance et d’optimisme fait du bien. Comme une piqûre de rappel qui nous dit qui nous martèle de ne pas se fier aux apparences. D’apprendre à connaitre les gens, quels qu’il soient, avant de juger. Qui nous dit que le handicap, ce n’est pas seulement ne plus pouvoir marcher ou voir, c’est tout un tas d’autres choses.
Une vision interne du handicap, sans verser dans le larmoyant. Le récit est poignant, mais ne fait pas pleurer. Il n’est pas fait pour que le lecteur s’apitoie sur le sort des handicapés. Il est fait pour le lecteur rit avec les handicapés. Comme avec n’importe quelle autre personne.



5/5